Je te préviens, aujourd’hui je ne t’achète rien !
Sylvie est maman de deux petites filles, Camille 9 ans et Clara 7 ans. Ce jour-là Sylvie se rend en ville pour acheter le cadeau d’anniversaire de Virginie, la petite amie de Camille. Clara, sa petite sœur, accompagne seule sa mère qui a pris soin de lui préciser qu’il s’agissait d’acheter quelque chose pour l’anniversaire de Virginie et qu’elle ne lui achèterait rien aujourd’hui. Clara fait mine d’accepter.
Dans le magasin, chacune s’occupe de son côté. Clara, sagement fait le tour du rayon des doudous et rejoint sa mère à la caisse, une peluche dans une main et son porte monnaie dans l’autre. Elle regarde sa maman et lui précise que c’est elle qui l’achète. Sylvie, amusée et contrariée à la fois lui précise aussitôt qu’elle n’aura pas assez d’argent pour la payer à la dame de la caisse qui s’amuse de la scène en souriant. Clara insiste et demande alors à sa mère de lui prêter l’argent qui lui manque et qu’elle la remboursera plus tard. Sylvie répète, Clara insiste, le ton monte. Clara se met à pleurer et fait un caprice. Sylvie rappelle à sa fille qu’elle l’avait prévenue qu’elle n’achèterait rien pour elle cet après-midi-là. Clara insiste encore et Sylvie se fâche. Sa fille, toujours en larmes, refuse alors de quitter le magasin et s’accroche au panier du client de derrière… La scène devient pénible. La mère paye alors son achat et entraîne sa petite fille à l’extérieur du magasin sous l’œil réprobateur ou amusé des tous les clients.
Le retour en voiture ne s’avère pas plus confortable. Sylvie ulcérée, ordonne de boucler sa ceinture à Clara qui refuse. La claque part toute seule. Clara toujours en pleurant à chaudes larmes obtempère. Elle ne cessera de pleurer tout le long du trajet.
Arrivée, à la maison Sylvie s’aperçoit alors qu’elle a oublié son téléphone portable à la caisse du magasin. Elle a du le déposer sur la banque pour sortir son argent au moment de régler. La colère remonte en elle aussitôt. Elle se tourne alors vers Clara et la gronde à nouveau en lui reprochant (bien malgré elle) que c’est à cause d’elle ! Si elle ne l’avait pas énervée avec sa peluche elle n’aurait certainement pas oublié son portable ! Sylvie est consciente de son injustice, mais il lui faut trouver coûte que coûte et rapidement une raison à son erreur et passer sa colère pour pouvoir s’apaiser. Arrive alors Alain, le père, qui voyant ce qui se passe demande à comprendre la situation. Sylvie lui explique alors l’esclandre de Clara qui s’accroche à son papa, suppliante. Alain regarde alors son épouse et lui dit qu’elle aurait quand même pu aussi acheter un petit quelque chose pour Clara… Nous imaginons aisément la suite !…
Décodage.
La première difficulté que rencontre Clara, c’est d’aller au magasin pour acheter quelque chose pour sa sœur et non pour elle. Ce qui aiguise déjà sa jalousie. Sylvie « enfonce le clou » en lui précisant bien qu’elle ne lui achètera rien. C’est ce qui décide Clara de se munir en cachette de son porte monnaie pour pouvoir réparer l’injustice qui lui est faite.
Bien évidement pendant que Sylvie s’occupe du cadeau pour la petite amie de Camille, Clara trouve l’objet de ses désirs. Précisons qu’à ce stade l’enfant est prête à choisir n’importe quoi pourvu que ce soit quelque chose.
Clara est alors dans un niveau de communication intentionnel et réciproque. Le message quelle émet a toute les chances, selon elle, d’être reçus par sa mère, car celles-ci partage un code devenu commun de par le nombre important de situations similaires qu’elles ont déjà vécues ensemble.
Arrivée en caisse, Sylvie est partagée entre l’amusement et la contrariété. La scène a quelque chose de cocasse et d’attendrissant en effet. Mais au moment où la mère fait remarquer à fille qu’elle n’aura pas assez d’argent pour payer, tout bascule. Clara ne se démonte pas et trouve immédiatement une solution qui malheureusement va bousculer l’interdit. Ce fait déclenche alors chez Sylvie un état qui la fait aussitôt pencher résolument vers la contrariété. La scène n’a dès lors plus rien d’attendrissant pour elle !… Sylvie répète alors à sa Clara les conditions qui avaient été posées avant de partir, ce qui va provoquer la réaction de la petite fille et déclencher le rituel.
Une fois rentrée, la culpabilité que ressent Sylvie qui s’en veut d’avoir oublié son téléphone, lui est insupportable. Aussi, elle n’hésite pas à en rendre directement responsable sa fille afin d’apaiser la dissonance dans laquelle elle se trouve alors. Pour finir, l’intervention du père finira, par sa maladresse, par faire dégénérer la situation qui se retourne contre Sylvie qui à son tour se trouve être la victime d’une injustice.
Remédiation.
Sylvie est maman de deux petites filles, Camille 9 ans et Clara 7 ans. Ce jour-là Sylvie se rend en ville pour acheter le cadeau d’anniversaire de Virginie, la petite amie de Camille.
Dans le magasin, chacune s’occupe de son côté. Clara, sagement fait le tour du rayon des doudous et rejoint sa mère à la caisse, une peluche dans une main et son porte monnaie dans l’autre. Elle regarde sa maman et lui précise que c’est elle qui l’achète. Sylvie, ne réagit pas et règle tranquillement ses achats comme si de rien n’était. Sa petite fille dépose alors le contenu de son porte monnaie sur la banque. Face au silence de la mère, la caissière regarde alors Clara et lui précise qu’elle n’aura pas assez d’argent pour payer sa peluche. Clara insiste une nouvelle fois et demande à sa mère de lui prêter l’argent qui lui manque et qu’elle la remboursera plus tard. Sylvie ne réagit toujours pas. Clara se met à pleurer. Sylvie remercie la caissière et tourne tranquillement les talons se dirigeant vers la sortie. Clara lui emboîte la pas, toujours en chougnant, sous l’œil réprobateur ou amusé des tous les clients.
Installée dans la voiture, Sylvie demande alors à Clara de boucler sa ceinture. Celle-ci refuse. Sylvie, toujours dans le silence, décide alors qu’elle attendra le temps qu’il faudra, sans un mot, pour que Clara obtempère. Celle-ci, mal à l’aise face au silence de sa maman, finit par obéir.
Arrivée, à la maison Sylvie s’aperçoit alors qu’elle a oublié son téléphone à la caisse du magasin. Elle a du le déposer sur la banque pour sortir son argent au moment de régler.
Clara est depuis un long moment déjà, partie dans sa chambre retrouver ses poupées.
(RE)décodage.
Sylvie invite Clara à l’accompagner sans plus de précision. Clara est heureuse d’aller faire les magasins toute seule avec sa mère.
Très vite Clara tente d’installer Sylvie dans une situation de rituel. Le silence de sa mère engendre chez Clara un état de dissonance puisqu’elle se trouve face à un comportement inhabituel de sa part, et surtout face au silence de celle-ci. Il n’y a donc pas de communication. On voit d’ailleurs que la dissonance agit sur la caissière elle-même probablement gênée, et qui prend le relais de la mère qui ne répond pas. Le niveau de communication devient asymétrique. Clara ne maîtrise plus l’effet de son message, ce qui entretient sa dissonance.
Le départ de Sylvie marque alors la fin de non recevoir et Clara n’a d’autre choix que de lui emboîter le pas. Une fois en voiture, celle-ci tente à nouveau de montrer son mécontentement, mais face au silence insistant de sa mère qui entretien ainsi la dissonance, Clara finit par adopter le comportement qu’on attend d’elle.
L’épisode de l’oubli du téléphone ne revêt alors aucune signification particulière du point de vue de ce qui a pu se passer antérieurement.