Quand nos besoins vitaux se fragilisent…
Isabelle est une jeune femme de 39 ans. Elle travaille dans la même entreprise depuis un peu plus d’une dizaine d’années. Cette année les conditions de travail sont plus difficiles, restructuration, plan social, l’ensemble des salariés vit des moments difficiles et le stress tend à les éloigner les uns des autres. Les relations sont tendues, et chacun rentre dans sa coquille attendant des jours meilleurs.
Ce matin là, Isabelle se dirige tout naturellement vers son bureau, comme à l’habitude. Ce n’est qu’en ouvrant la porte qu’elle constate avec effarement, que tout a été déménagé. Plus de bureau, plus de tableaux, plus de bibelots… Seule une petite table sur laquelle sont posés quelques uns de ses dossiers, trône au milieu de la pièce. Sous le choc, elle rapproche la chaise et s’installe, anéantie. Elle ouvre machinalement sa serviette, incapable de réfléchir. La situation lui paraît totalement incompréhensible, mais elle essaie néanmoins de faire l’inventaire de tous les signes de ces derniers jours qui pourraient lui permettre de mieux comprendre ce qui lui arrive. Elle renâcle à questionner quiconque de peur d’apprendre ce qu’elle commence à redouter.
Cela fait bien une heure qu’elle se tourmente, pleure ou rage tour à tour, lorsque la porte de « son bureau » s’entrouvre et laisse apparaître le visage jovial de sa collègue, qui, découvrant la mine déconfite d’Isabelle, se confond aussitôt en excuses :
Mon Dieu… Excuse-moi ! Je suis vraiment désolée, j’ai complètement oublié de téléphoner chez toi hier soir, comme tu étais en rendez-vous à l’extérieur toute la journée ! Mais tu as eu une promo veinarde! on t’a changé de bureau, tu montes d’un étage et tu vas être juste à côté du grand patron !
Racontant son histoire après plusieurs semaines, Isabelle en riait encore…
L’anecdote a son croustillant certes, mais l’histoire montre bien que nous sommes tous, petits et grands, à la merci de notre environnement. Prêts à nous effondrer ou à imaginer le pire dès que les évènements tendent à nous déstabiliser. Tour à tour, Isabelle s’est donc retrouvée fragilisée sur des besoins essentiels à son équilibre. La quasi-certitude d’être remerciée par l’entreprise s’est immédiatement imposée à elle. « Je n’existe plus dans l’entreprise ! ». La perte de son sentiment de sécurité a été son second sentiment. Très vite, Isabelle s’est interrogée sur l’amour que pouvaient alors lui porter ceux qui restaient.
Existence, sécurité, amour, constituent le trépied sur lequel nous nous construisons. La recherche inconsciente et constante de cet équilibre nous assure de pouvoir nous construire de manière harmonieuse.
Si dans l’exemple précédent nous voyons qu’Isabelle tente de réduire sa dissonance en privilégiant une recherche d’indices qui lui paraissent logiques et cohérents, il n’en va pas toujours de même, notamment pour l’enfant. Inconsciemment, celui-ci optera immédiatement, pour réduire sa dissonance, par l’activation d’un rituel coûteux (Rituel Pervers), mais ô combien efficace !