Quelles que soient les circonstances, rappelez-vous toujours qu’un parent qui se fâche est perçu comme un adulte qui « perd les pédales » ! Autrement dit, qui ne sait plus gérer la situation…
La peur est toujours à l’origine de la colère : peur de perdre le contrôle – peur de ne pas y parvenir – peur de se faire submerger – peur de s’effondrer – peur d’être jugé…
N’oubliez pas que lorsque votre enfant vous regarde en pareille circonstance, il reçoit de votre état, l’insécurité qui s’est emparée de vous. Aussi, sans vous en rendre compte, vous vous disqualifiez à ses yeux car vous n’êtes plus en mesure d’assurer sa sécurité. Vous lui « montrez » que vous avez perdu la vôtre… Vous pouvez dès lors vous attendre, dans les minutes qui suivent, au « démarrage » d’un Rituel Pervers.
S’énerver, est la marque indubitable d’un échec. Vous n’êtes pas fait de bois et cela peut arriver bien sûr, mais n’en abusez pas… Lorsque la pression est trop forte et que vous n’y tenez plus, que la colère monte, n’hésitez pas à informer votre enfant de votre besoin de vous isoler un instant et « soustrayez-vous » physiquement le plus rapidement possible à la situation, en silence. Ce n’est pas une fuite, et vous avez le droit de décider de ne plus être son interlocuteur dans certaines circonstances… Cela s’appelle se préserver…
De toute manière, quoique vous fassiez d’autre, vous iriez à l’échec. La colère est très mauvaise conseillère et l’on n’a jamais vu une situation se régler dans le confit. Au mieux vous gagnerez la bataille, mais certainement pas la guerre ! Car il s’agira dans ce cas d’une véritable guerre !
La sagesse commande donc de ne pas se laisser submerger par son émotion. Cela s’apprend beaucoup plus vite que vous ne le pensez…
Le lien qui vous unit à votre enfant est le plus fort qui soit : l’amour. Cela le dispense de facto de certaines attitudes à votre égard, sauf si vous l’y « encouragez » maladroitement et le plus souvent en croyant bien faire. L’amour interdit certains comportements (sauf pathologie avérée), notamment de « détruire » son parent, garant de ses besoins vitaux. Otez-vous donc de la tête qu’il va en « profiter » ou qu’il « le fait exprès ».
L’idée consiste à ne plus « lutter contre », ainsi que nous l’avons vu, mais tenter de « faire avec ». Votre objectif est donc de permettre à l’enfant de se « caler utilement » sur votre « état intérieur » plutôt que sur vos injonctions verbales (inopérantes)…
S’adresser à son « inconscient », consiste désormais à privilégier vos propres postures ou attitudes à vos conseils répétitifs. Il ne s’agit plus de le faire « réfléchir », mais de l’amener à « s’ajuster » à vous, le plus naturellement possible, et ce, de manière instinctive.
Combien de fois êtes-vous rentré le soir, fatigué ou tendu par une journée difficile. A peine avez-vous franchi le seuil, que la fratrie s’enflamme sur une peccadille ou l’un de vos enfants commence à vous harceler sans raison, pour une futilité ? L’ambiance, électrique, a très vite débouché sur un conflit aussi inutile qu’il vous a semblé inévitable. Un peu comme si les enfants sentaient votre tension et vous offraient bien involontairement, l’opportunité de la mettre en scène pour vous permettre (le plus souvent à leur dépend) de vous en débarrasser… Bref, vous rentrez fatigué et énervé et ils en rajoutent une couche en arrivant à la maison !
En revanche, tout aussi fréquemment, vous avez certainement noté, que lorsque vous rentrez « frais et dispo », l’ambiance est au contraire détendue et des plus agréables…
Combien d’enfants enfin (lorsque ce n’est pas vous …), se lèvent le matin en faisant la tête des mauvais jours (sans réellement savoir pourquoi…), et « pourrissent » un petit déjeuner dominical ?…
Il n’est pas interdit bien sûr d’être de mauvais poil ! Mais de là à en faire « profiter » tout l’entourage… Lui faire alors remarquer qu’il fait la tête ou se montre désagréable, ne fait que commenter une évidence qui ne change certes rien à cet état de fait. Cela cristallise au contraire tous les éléments nécessaires et suffisants à l’émergence du conflit. Ne rien dire, ne rien faire remarquer, serait plus indiqué… Rappelez-vous que vous devez vous garder de « faire exister » ce que vous voulez voir disparaître…
Une alternative intéressante, consiste également à ne pas « nier » pour autant l’état émotionnel dans lequel peut se trouver un enfant en pareilles circonstances… En d’autres mots, lui reconnaître le droit d’être de mauvaise humeur, même s’il ne sait pas réellement pourquoi, n’apparaît pas inopportun.
De la même manière vous devez pouvoir vous sentir reconnu, dans votre droit à vous sentir indisponible, en colère ou tendu(e), comme disponible et ouvert(e) paisiblement à la relation. Il apparaît donc utile de pouvoir « informer » votre partenaire ou votre interlocuteur de l’état émotionnel dans lequel vous vous « sentez »… Cela sera toujours préférable plutôt que de lui faire subir injustement et arbitrairement vos états d’âme sans qu’il puisse s’en protéger lui-même.
Remédiation : Les pinces à linge…
Vous devez avoir en tête un objectif clair, unique, et qui doit vous sembler facile à atteindre… Les idées les plus simples sont très souvent les meilleures. Aussi, il va vous falloir envisager de puiser dans votre quotidien, le plus d’éléments possibles, susceptibles de vous faciliter la tâche.
Objectif : Amener mon enfant à « abandonner » spontanément un comportement particulier : faire la tête des mauvais jours lorsqu’il se lève chaque matin, au profit d’une attitude plus positive.
Support : Privilégiant le modèle que vous représentez à ses yeux, vous devez donc être le « support » qui va implicitement lui montrer le chemin, sans avoir à verbaliser quoi que ce soit : ni remarques ; ni conseils, ni explications… Vous allez vous contenter de naturellement « (vous) mettre en scène » afin de l’amener, tout aussi naturellement, à « s’ajuster » à votre proposition.
Matériel : L’idée est simple. Elle consiste à utiliser un matériel familier emprunté au quotidien : des pinces à linge ! Confectionnez-vous un jeu de trois pinces : 1 verte – 1 orange – 1 rouge. Disposez dans un coin de la cuisine autant de jeux que nécessaires selon le nombre de membres de la famille.
Sans aucune explication, appropriez-vous votre matériel que vous gardez sur vous, ou à proximité. Affichez désormais, au col de votre chemise, vos « états d’âme » le plus simplement du monde, sans avoir à les justifier ni à les imposer de manière arbitraire ou inadaptée à votre entourage. Rouge : Inutile de m’adresser la parole. Orange : À tes risques et périls – attention danger. Vert : Tout va bien.
Non seulement cela vous entraînera à reconnaître vos propres émotions, mais vous permettra de surcroît « d’afficher la couleur » en prévenant vos interlocuteurs. Votre attitude ne tardera pas à faire des émules. Attention, cela ne s’impose pas. Attendez patiemment que votre enfant vous fasse la demande d’un jeu de pinces ou se serve spontanément dans la corbeille que vous aurez mise à la disposition de chacun des membres de la famille.
Il peut vous paraître plus facile de proposer ce genre de remédiation à des enfants jeunes ou très jeunes plutôt qu’à des adolescents, quoique…
D’autre part, si vous sentez que votre entourage n’adhère pas à l’utilisation de votre matériel, peu importe, cela ne vous empêche en aucun cas de l’utiliser pour vous-même. Le reste de la famille sera contraint, bien malgré lui, d’en tenir compte… On ne peut envisager une seule seconde que cela n’ait pas d’effet sur chacun.
EXTRAIT DE MON PROCHAIN LIVRE « PARENTS, ECONOMISEZ-VOUS ! »