Devoirs du soir

Lorsque trop d’explications nuisent à l’apprentissage…

Quand Papa s’occupe des devoirs le soir

Alain est un papa « comme les autres »… Il a toujours attendu avec impatience le jour où il pourrait partager des moments d’échanges disons… plus « cérébraux » avec son fils.
Il ne s’est jamais senti très à l’aise avec les tous petits. Aussi, aujourd’hui est-il ravi car Jonathan rentre au CE2 . Il va enfin prendre sa place de père et s’occuper plus particulièrement de la scolarité à compter de cette année.
Jonathan a toujours « travaillé » avec sa maman. C’est-elle qui l’accompagne depuis toujours au fil de ses années scolaires. Elle a éprouvé un plaisir non dissimulé à son rôle, mais elle est heureuse qu’enfin Alain se positionne plus « activement » dans la vie de son fils. Il est vrai que son métier le prend beaucoup et qu’il n’a pas toujours le temps. Alain est ingénieur…
C’est donc tout naturellement et avec un immense bonheur, que Jonathan dès la première semaine de la rentrée, s’est tourné vers son papa pour les devoirs du soir. Tous deux se sont attablés et c’est là que tout a commencé…
Alain est un homme méticuleux, il aime le travail bien fait. Soucieux d’exactitude il prend un soin tout particulier à être clair, précis, et très organisé dans l’aide qu’il apporte à son fils. Ce soir là Jonathan le sollicite pour un exercice de mathématiques, pour une consigne qu’il ne comprend pas bien. Alain est ravi, c’est un domaine dans lequel il excelle !
Confiant, Jonathan, ne se doute pas un seul instant de ce qui va lui arriver… Alain, toujours aussi scrupuleux commence par expliquer à son fils que pour comprendre l’exercice, il faut d’abord de celui-ci sache parfaitement ses tables, sans quoi il lui sera impossible de le résoudre. Il demande donc tout naturellement à Jonathan de lui réciter sa table de X4. Jonathan hésite, il se trompe, hésite encore, et finit par tout mélanger :
– Ça se mélange dans ma tête !
– C’est pas compliqué, tu l’écris comme ça. Tu vois, tu fais deux listes parallèles. Le « multiplicateur » d’un côté et le résultat de l’autre.
– Mais c’est pas comme ça qu’il fait le maître !…
– C’est pas grave, ça marche aussi. Allez, essaye…
Jonathan, pas vraiment convaincu, tente de satisfaire son père.
– Parallèles j’ai dit ! Tu sais quand même ce que veut dire « parallèle » non ?
– Oui, oui…
– Mais non c’est pas comme ça ! Regarde c’est comme ça parallèle, comme les rails d’un train. Tiens essaye encore.
 Jonathan corrige, gomme, rature et pousse un long soupir…
– Attention, n’appuie pas trop tu vas faire un trou ! Regarde. Tu tiens ta gomme comme ça. Tu vois ?
– … ouais…
– On ne dit pas ouais, on dit oui. Oui papa.
– Oui papa.
– Fais les droites parallèles avec ta règle, on dirait des nouilles ! Et les perpendiculaires tu…
– papa !…
– Oui, bon alors tu te dépêches un peu !… et la table du X5, tu la connais la table du 5 ? Elle est facile celle-là non ?
– J’sais plus c’qui faut faire…
– Bon… il est où ton exercice ? Ah oui ! bon…
Alain feuillette le cahier de leçons de Jonathan.
– C’est du CE2 ça ? Ca me paraît un peu facile non ? C’est des trucs de CP ma parole !…
– … j’suis pas au CP !
– Attention avec ta gomme ! Je viens juste de te le dire ! Tu vas faire un trou !
– Tu me montres l’exercice papa !
– Récite-moi d’abord la table du 4.
Jonathan s’exécute tant bien que mal. Il ne comprend pas pourquoi il est en train de faire des tables alors que son exercice de maths parle des élèves de sa classe. Il ne comprend plus rien. Perdu entre des parallèles, des perpendiculaires et la table du 4, il ne sait même plus de quoi lui parle réellement son exercice, ni ce qu’il fait là. Il n’a qu’une envie, retourner dans sa chambre. Il se sent prix au piège.
La séance des devoirs qui n’aurait nécessité que quelques minutes, durera plus d’une heure et Alain finira par rédiger lui-même l’exercice, excédé. Jonathan s’enfuira en pleurant dans sa chambre, bien décidé à ne plus jamais demander à son père de l’aider !…
Le « soin » qu’Alain met à s’assurer que les apprentissages « périphériques » à l’exercice sont acquis, paraît bien légitime et cela part d’un « bon sentiment ». Cependant, cela a pour principale conséquence, au bout du compte, de perturber l’apprentissage de Jonathan. Mieux aurait peut-être valu « donner » plutôt moins que le nécessaire à Jonathan, afin que celui-ci éprouve le besoin de revenir pour plus d’explications. A vouloir en « faire trop », Alain ne s’est pas rendu compte qu’il était en train de se «disqualifier» aux yeux de son fils, sur le terrain des devoirs du soir.
Pas de chance, lui qui croyait tellement pouvoir l’aider !…

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  1. Anonyme

    c'est génial!!!!!!!
    on croirait que vous etes venu à la maison!!!
    Anne

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