Lorsque tout n’est que mouvement…
Tout au long de notre existence, nous traversons d’innombrables situations qui toutes, ont cela de commun : c’est qu’elles sont temporaires. En effet, le définitif, l’immobile, la fixité, ne font pas partie du monde dans lequel nous vivons où tout est mouvement et changements permanents.
Le fait que nous recherchions fréquemment à fixer un instant, relève davantage de notre peur du changement et de l’inconnu, que d’un réel désir d’immobilité, souvent synonyme de mort. Cette peur innée du changement semble mystérieusement inscrite au fond de chacun de nous.
L’existence se présente donc comme une opportunité qui nous est donnée pour apprendre ou découvrir, entre autres : que l’immobilité n’est qu’une illusion. L’impermanence règne sur le monde et seule la mort, nous apparaît comme l’unique état de fixité possible. Un de nos très nombreux paradoxes, consiste donc à redouter ce qui nous donne pourtant le sentiment d’être vivant : le mouvement.
Notre psychisme est fortement empreint de ce besoin de permanence illusoire. Notre inconscient, qui veille à notre stabilité, à notre sécurité, nous pousse donc à rechercher inlassablement la preuve de nous existons, que nous sommes vivants. Il active pour cela des procédures qui visent à figer le temps qui passe, en nous donnant l’illusion de lutter contre notre propre mort. Nous avons tous fait l’expérience qui consiste à vouloir arrêter le temps afin de mieux goûter un bonheur intense. Comme si le temps ne pouvait que détruire ce précieux instant.
Tout changement suppose donc l’impermanence des états que nous traversons et tend à nous déstabiliser. Ainsi, la carte de notre inconscient, se construit selon la loi fondamentale de la prédiction. Notre imagination a cela d’intéressant, qu’elle nous permet de prévoir l’avenir, nous inférons donc naturellement l’avenir le plus rassurant et le moins déstabilisant, à chaque minutes de notre vie, dans la moindre des expériences qui nous est donnée de traverser.
Deux options sont alors envisageables à ce stade précis de notre réflexion.
La première consiste à dresser un constat de conformité. Tout ce passe comme nous l’avions prévu. La conséquence immédiate de cette conclusion nous renforce sur notre sentiment de sécurité intérieure en nous donnant la sensation de contrôler la situation. Cette impression de maîtrise n’est malheureusement qu’une impression. Quand on réalise que notre terre avance dans la galaxie à près de 110 000 km/h, tout en tournant sur elle-même, cela prête à sourire… D’illusions en illusions, nous nous construisons un monde irréel, mais ô combien rassurant…
La seconde option, consiste au contraire, à dresser un état des lieux non conforme à nos prédictions. Notre psychisme entre alors en dissonance. Ce dernier, toujours à la recherche d’un équilibre, va donc immédiatement mobiliser des stratégies afin de réduire cet état et restaurer en nous un sentiment de sécurité suffisant. En réalité, la prise en compte de cette nouvelle donne va altérer inconsciemment nos comportements et nos attitudes.