Dissonance cognitive
Le terme de dissonance cognitive est récent. Il nous vient d’une théorie de la psychologie sociale que Léon Festinger a su actualiser et présenter de manière plus moderne, mais il s’agit d’un effet vieux comme le monde. Esope, en son temps, nous relatait dans la fable du « renard et les raisins », ce mécanisme de restauration ou de rééquilibrage cognitif inscrit dans le tréfonds du vivant. « Devant son échec, le renard se restaure narcissiquement par une pirouette qui lui permet de ne pas perdre la face. Les raisins qu’il convoite avec intérêt, lui apparaissent néanmoins inaccessibles, aussi préfère-t-il les juger immangeables, plutôt que d’accepter l’idée de ne pas être en mesure de les cueillir ». Cette rationalisation, lui permet donc de ne pas demeurer dans la dissonance dans laquelle il se trouve plongé, dès lors qu’il constate que l’issue de l’expérience ne sera pas conforme à ses prédictions.
La rationalisation apparaît comme un moyen intéressant de réduire l’état de dissonance, insupportable à notre psychisme. Le nouveau comportement qui résulte de cette réduction, rééquilibre donc nos cognitions. Peut importe qu’il soit adapté ou non, son rôle n’a plus aucun rapport avec le thème (les raisins) mais il s’agit bel et bien de nous restaurer de manière narcissique, et dans notre besoin de sentiment de sécurité.
Au sein de la famille, on observe fréquemment cet état de dissonance chez l’enfant lorsqu’il se trouve fragilisé face à une situation qui échappe subitement à son entendement. Plongé dans la dissonance, il va immédiatement entrer dans cette phase de rationalisation afin de ne pas s’effondrer. Apparaît alors chez lui, un comportement d’adaptation inconscient, la plupart du temps inadapté aux yeux de son parent et particulièrement énergétivore pour les deux protagonistes. C’est le conflit. Ce comportement va par conséquent impacter de manière significative, les sphères relationnelle et cognitive de l’enfant qui lui voue une énergie considérable. L’enfant entre alors dans une construction qui devient vite un redoutable rituel. Parents et enfant s’affrontent dès lors dans un Rituel Pervers redoutable et totalement inconscient.
Le parent est donc invité à reconsidérer son attitude, afin de provoquer la dissolution du Rituel et libérer l’enfant pour le faire grandir à nouveau.
Dissonance éducative
Le concept de dissonance éducative que j’aborde ici, est à la base de ce repositionnement, il s’appuie sur la théorie de la dissonance cognitive selon laquelle, ainsi que nous l’avons vu plus haut, un individu placé dans un environnement dissonant, à savoir, mis en présence d’éléments incompatibles entre eux, entre dans un état de tensions internes insupportables. L’individu se trouve alors contraint de restaurer l’équilibre cognitif ainsi rompu par la mobilisation spontanée de stratégies comportementales de nature à réduire cette dissonance. L’intérêt de cette phase de rationalisation réside dans le fait qu’elle se solde par la mise en place d’un nouveau comportement ou d’un nouvel apprentissage.
Le principe de dissonance éducative, part donc du postulat que tout apprentissage nouveau, s’il n’est imposé de l’extérieur, suppose une dissonance préalable. Ainsi, un enfant mis en dissonance par son parent, a toute les chances de basculer spontanément sur un apprentissage nouveau. Il apparaît donc intéressant de se pencher sur le comportement du parent lui-même, dès lors qu’il est sollicité par une attitude qu’il juge inadaptée de la part de son enfant, et qu’il voudrait voir se corriger. L’intérêt premier d’une telle procédure, est qu’elle respecte l’enfant dans son degré de maturité à ce moment précis. Le comportement de l’adulte doit donc être de nature à provoquer la dissonance attendue afin de favoriser chez l’enfant l’émergence d’un nouveau comportement.
Et vous, que vous évoque cette notion de dissonance ? Laissez-moi vos commentaires et/ou vos questions.