Exiger de nos enfants qu’ils souscrivent à nos injonctions, à nos désirs ou répondent à nos espoirs, constitue une posture parentale des plus communes. C’est presque devenu pour nous un réflexe, à tel point que nombreux parmi nous, s’étonnent de ne pas voir leurs enfants obéir sans délai aux ordres que nous leur donnons. Car il faut bien appeler un chat un chat… Nous passons l’essentiel de notre temps à leur donner … des ordres ! Certes souvent déguisés, d’une voix doucereuse aux hurlements, des mots cassants au chantage le plus vil parfois… mais qu’y faire ? Nous faisons bien ce que nous pouvons, au nom de l’amour que nous leur portons.
Je suis personnellement porté à croire que c’est à leurs yeux que nous révélons, bien malgré nous, les facettes les plus détestables de nous-mêmes. Ils sont les interlocuteurs et les spectateurs privilégiés de nos incohérences, de nos limites et de tous nos paradoxes… Combien sommes-nous à nous haïr nous-mêmes lorsque nous réalisons la manière dont nous nous comportons face à eux lorsque tout glisse et que nous perdons le contrôle !…
Nous devenons alors vis-à-vis d’eux, d’une exigence souvent démesurée, et face à laquelle nous serions la plupart du temps bien incapables nous-mêmes, de répondre…
L’exigence commence par soi-même !
Nous oublions cependant que l’exigence ne rentre pas dans la catégorie des « réactions » mais bien plutôt celle des « actions » éducatives.
L’exigence relève donc d’une décision et non d’une émotion. La première erreur à ne pas commettre consiste donc à imaginer que le recours au pouvoir et à la soumission d’autrui puisse déboucher sur un quelconque apprentissage. L’exigence ne relève donc pas de l’exercice du pouvoir mais bien plutôt de l’autorité. Là où le pouvoir soumet, l’autorité construit. Difficile d’imaginer, dans de telles conditions, que l’enfant y réagisse de la même façon…
Notre état profond conditionne donc la portée de notre action éducative. En effet ce n’est pas tant ce que nous leur disons que les enfants entendent mais bien plutôt l’état dans lequel nous nous trouvons lorsque nous le disons. Ils mettent alors en scène ce qu’ils perçoivent et cela correspond rarement à ce que nous attendons. Tout au plus, entendent-ils le « bruit » qui sort de notre bouche…
L’exigence est l’exact opposé de la perte de contrôle. C’est le fruit d’une réflexion posée et sereine, exempte de toute violence et de toute colère. Par conséquent, nous voyons bien qu’avant d’espérer voir un quelconque effet positif sur nos enfants, il convient de nous pencher d’abord sur nous-mêmes…