Une métaphore parentale
Il n’y a pas d’Enfant-Roi ou d’enfant-tyran qui ne soit le négatif d’une image de son entourage. Naturellement, l’enfant-roi n’existe donc pas réellement. En ce sens, il apparaît comme la métaphore d’un parent trop inquiet, qui redoute de perdre son amour.
L’époque semble à l’heure de l’insécurité sous de multiples formes et l’éducation n’échappe pas au déferlement de nos peurs. On n’a jamais vu autant de parents terrorisés à l’idée de ne plus être aimés de leurs propres enfants !…
On assiste donc à un phénomène nouveau, du jamais vu ! Ce serait aujourd’hui, aux enfants de rassurer leurs parents… Cela peut prêter à sourire, et pourtant… que penser d’un parent qui perd les pédales au point de devenir l’esclave de sa progéniture ?… Car lorsqu’un enfant sent papa ou maman défaillir, se réveille en lui une formidable puissance qui peut s’avérer destructrice.
L’enfant-roi est un enfant qui tente désespérément… d’exister, coûte que coûte ! Invité à grandir et se construire dans un cadre trop flou, des règles sans cesse mouvantes ou inexistantes, ne rencontrant ni barrières ni limites tellement il est précieux, il pousse à la manière d’une plante sans tuteur. Il occupe l’espace libre, tout l’espace. Le parent, soucieux de ne pas le confronter à la frustration, de peur de le « perdre », l’observe se répandre et se renforcer dans une toute-puissance qui ne tardera pas à le démunir. Ce dernier devient alors un « objet », avec lequel l’enfant « joue », à son plus grand désespoir… Il peut tout faire et devient omnipotent.
Ce comportement tyrannique révèle en réalité, l’état profond de registres vitaux… si fragiles pourtant. Devenu incapable de grandir et de se construire de manière paisible tant il se sent insécure, mal aimé, ni véritablement reconnu, il crie alors sa souffrance ! Seul le désir compte puisqu’il est naturellement programmé pour cela. Car c’est bien le propos de l’éducation, entre autre, que d’apprendre à refréner certains de ses désirs et de les sublimer.
Il ne s’agit pas non plus d’anéantir son ego, mais d’amener l’enfant à la recherche implicite d’un équilibre entre désirs et frustrations. Le mal semble venir du fait que l’autorité aujourd’hui fait peur… Dolto à été si mal lue qu’elle doit chaque jour se retourner dans sa tombe ! Car il ne s’agit pas de laisser TOUT faire aux enfants, ni de TOUT leur dire ni de TOUT leur expliquer. Le parent commence donc par se méprendre sur le sens des mots et finit par confondre autorité et autoritarisme, autorité et pouvoir !
Les conséquences s’avèrent aujourd’hui dramatiques pour bon nombre de parents qui ne savent plus à quel saint se vouer. Poser des limites ne signifie pas, ne pas reconnaître le désir de l’enfant et l’un ne doit pas empêcher l’autre, sans quoi l’enfant se retrouve vite dépassé et envahi par ses propres pulsions, bien incapable d’endiguer leur déferlement. Seul, abandonné de tous, il tente alors, bien malgré lui, d’exprimer, comme il le peut, son mal-être tout entier.
S’il apparaît comme un roi, il s’agit alors d’un bien triste sire !