Quelques histoires vraies à méditer…
Anne-Line
Anne-Line est au CM2. C’est une enfant modèle. Ses parents n’ont jamais rien à lui reprocher. C(est l’enfant parfait : Elle est brillante à l’école, quoique un peu effacée au milieu des autres enfants, elle se montre douce, aidante, toujours prête à rendre service. Il lui arrive régulièrement de mettre la table, sortir le linge du sèche linge, de le plier et de le ranger, de passer un coup d’aspirateur dans la maison, d’essuyer spontanément la vaisselle, de servir à table, de débarrasser, tout cela sans jamais qu’on lui demande rien. Elle ne se salit jamais, n’abîme pas ses vêtements. A la maison comme à l’extérieur, où qu’elle passe ses parents n’en reçoivent que des éloges.
Je retrouve Anne-Line quelques années plus tard. Elle est en 4ème, elle souffre de boulimie, se fait régulièrement vomir. Elle a perdu le sommeil et arbore d’énormes poches violacées sous les yeux.
Kévin
Kévin est un élève brillant depuis toujours. Il a « surfé » sur ses apprentissages sans difficultés depuis le CP. Il n’a jamais rencontré de réels obstacles ni de troubles quelconques jusqu’à aujourd’hui. Il a toujours « survolé » ses devoirs du soir, et à fait figure de chanceux tellement sa scolarité lui souriait. Sans « forcer » particulièrement, il a paisiblement traversé toutes ces années scolaires en accumulant les remarques positives de la part de ses enseignants, tout en attirant sur lui le regard bienveillant et satisfait de ses parents. Il est vrai qu’une bonne scolarité, ça aide un peu à être « heureux ». Kévin a toujours fait des envieux parmi certains de ses camarades qui lui jalousaient ses bonnes notes.Cette année, Kévin entre en 4ème. Mais au bout de quelques mois, il semblerait que sa « belle mécanique » ait quelques ratés. En effet, les résultats ont carrément chutés dès le début de l’année et sa scolarité est en passe de s’effondrer. Il n’a pourtant rien changé à sa manière de travailler, ni d’apprendre. Mais ça ne marche plus ! Un ou deux de ses amis qui l’enviaient autrefois, se moquent aujourd’hui copieusement de lui et de sa situation… Kévin commence à faire le clown en classe et se découvre d’autres talents. Il « amuse la galerie » sans se rendre compte qu’il devient un véritable « bouffon » ! En réalité il essaie simplement de compenser sa souffrance en tentant d’exister autrement que par sa scolarité brillante d’antan…Cependant son professeur principal ne l’entend pas de cette oreille et a demandé à rencontrer les parents à la fin du second trimestre afin de les alerter sur les risques de redoublement ou d’orientation en cette fin d’année.
Kévin était en réalité un stratège jusqu’à la fin de sa cinquième. Un stratège qui s’ignorait… Il « appliquait » sans véritablement trop savoir comment une stratégie d’apprentissage qui portait ses fruits depuis le commencement. Il semblait bien parti pour effectuer de brillantes études. Son arrivée en 4èmeà pourtant sonné le glas de cette épopée. En effet ce qu’il ignorait sans doute, c’est que l’année de 4ème est une année très particulière. Sans doute l’année scolaire la plus difficile de tout le cursus ! La confrontation à des notions plus abstraites notamment en ce qui concerne les matières scientifiques, le surcroît de travail personnel ou la nouveauté des contenus, l’ont déstabilisé et semble avoir eu raison de sa manière d’apprendre et de travailler. Pendant que bon nombre de ses copains de classe accusent une baisse de régime fréquemment observable dans ce niveau de classe, Kévin lui s’effondre.
Il n’a pas pu s’adapter à tous ces changements. La raison principale en est simple. Habitué à une relative « facilité », sa vigilance s’est émoussée au fil des années et Kévin s’est endormi sur ses lauriers. N’ayant jamais pu analyser correctement ses stratégies ou plus généralement sa manière de travailler, il n’a pas réussi, dès son entrée en 4ème, à adapter ou modifier ses stratégies et ses procédures d’apprentissage. Il s’est donc trouvé confronté à une situation nouvelle sans aucun moyen d’agir sur son apprentissage par méconnaissance ou par ignorance des mécanismes qu’il sollicitait auparavant avec efficience…
Damien
Damien, lui, vient de rentrer en seconde. Il vit une expérience similaire. Surpris par une année qui démarre sur les « chapeaux de roues ».
L’accumulation brutale du travail personnel, le manque soudain de temps, l’ont, lui aussi déstabilisé, au point de se retrouver en « échec » dès les premières semaines ! Doué de « bonnes stratégies » et de « méthodes de travail efficaces » mais malheureusement inconscientes, elles ne lui ont pas permis d’agir dessus. Lui non plus n’a pas pu accomplir les réglages nécessaires à cette phase de réadaptation.
Cet élève brillant, sûr de lui (trop ?), vient de prendre une « claque » dont il a beaucoup de mal à se relever. Depuis, il a totalement perdu confiance en lui.