La confiance est un don :
Quand on la donne, on ne la reprend jamais ! Et ce, quel que soit l’usage que le bénéficiaire en fait… puisque c’est un don. Le problème, c’est qu’on ne parvient pas faire confiance quand on est soi-même dans l’incertitude ! Au point que le parent qui la donne, s’empresse de s’assurer que l’enfant ne la trahira pas, comme si ce dernier allait s’employer principalement à la tromper… Donner sa confiance ne garantira jamais à quiconque qu’elle ne sera pas trahie et pourtant le parent se comporte comme tel. Nous ne devons cependant pas oublier que la confiance n’engage en rien celui qui la reçoit, mais uniquement celui qui la donne !
Il faut en finir avec cette idée que l’enfant s’empresse de spéculer sur la confiance qu’il reçoit de ses parents ! Tout au plus peut-il s’agir d’un comportement d’adulte … L’enfant a beaucoup trop besoin de ses parents pour grandir pour ça. Bien au contraire, c’est parce qu’il se sent en mesure de l’honorer qu’il l’accepte.
Savoir accepter la trahison.
Un parent a d’autant moins de mal à accepter la trahison de sa confiance, qu’il sait parfaitement que cela arrivera, inévitablement. Un jour, la confiance sera trompée ! Il s’agit donc d’une pure question d’honnêteté. Que dire d’un parent qui s’étonne que son enfant trahisse sa confiance, sinon qu’il s’en doutait depuis le départ que cela était non seulement possible, mais prévisible ? Alors, jouons franc jeu avec nos enfants !
Il faut au parent savoir être sage ! Donner la confiance que l’enfant demande est en général le signe qu’il grandit ou qu’il désire grandir. C’est un signe important, qui ne doit pas passer inaperçu.
Quand faut-il faire confiance ?
Est-il est dans un réel besoin ou imite-t-il ses camarades le jour où il la réclame ? Sa demande a néanmoins du sens. Il ne s’agit pas non plus de souscrire à sa demande sans réserve ou sans réflexion. Le parent discute, pose des questions, tente de comprendre. Il fait alors l’enfant s’exprimer sur sa motivation, afin d’évaluer le degré d’opportunité de sa demande. Puis on se positionne. On refuse ou on accepte, mais on ne lui demande pas de se justifier. Comment le pourrait-il ? Un don ne se négocie pas.
En cas de refus rien ne l’empêchera de revenir à la charge, jusqu’à savoir toucher chez le parent quelque chose qui lui dira qu’il est temps d’accepter.
Donner c’est donner, reprendre, c’est voler !
Mieux que ça ! On lui donne la confiance, mais sans omettre de lui préciser, qu’on ne la lui reprendra jamais ! Quoiqu’il arrive. On ne récupère jamais un don. Et l’on ne sait jamais, avec certitude, à quel usage exact il est employé. Sinon, on ne donne pas… L’enfant accueille ce don comme une reconnaissance, mais aussi comme le témoignage d’un sentiment de sécurité et la part de son parent qui l’aime. En effet, le parent qui donne ainsi sa confiance est perçu lui-même sécure, fort, par l’enfant Donc parfaitement garant de son propre besoin de sécurité. S’il ne s’agit donc pas d’une incitation passive à la transgression, quel est cependant l’intérêt de le lui dire alors ?
L’enfant qui comprend qu’il ne perdra pas la confiance de son parent, n’a aucune raison de ne pas rapporter sa trahison le jour où cela arrivera. Il ne court en effet aucun danger puisqu’il ne la perdra pas. En effet, quel intérêt de mentir alors ? Il en parlera ainsi librement, sans risque. Le parent peut ainsi évaluer les circonstances dans lesquelles l’enfant se trouvait alors.
De deux choses l’une. Soit il comprend et agréé l’explication de l’enfant. Soit il n’adhère pas et le lui dit. Il est alors nécessaire de réfuter clairement et simplement ses explications : je ne te crois pas, mais sans lui demander de se justifier ! L’écouter d’abord. Puis lui dire qu’il ne souscrit pas à ses explications sans plus de détails.
On n’explique pas tout !
Le parent n’a pas à se justifier ni à argumenter toutes les raisons de ses choix. Encore faudrait-il que l’enfant soit en mesure de comprendre ou de traiter toutes ses explications ! Quand bien même ce serait le cas, cela suppose que tout ce que le parent explique regarde son enfant, qu’il n’existe aucun filtre entre la sphère de l’adulte et celle de l’enfant. Ce serait également nier au parent le droit de décider de ne rien dire lorsqu’il le juge utile. Enfin, ne pas tout expliquer c’est reconnaître à l’enfant la capacité de comprendre par lui-même les raisons de certaines de nos décisions. Non ! On ne doit pas tout dire ni tout lui expliquer ; trop d’explications, trop de justifications peuvent faire naître l’angoisse chez certains.
Lorsque l’enfant trahit, quelles qu’en soient les raisons, le parent doit donc impérativement lui renouveler sa confiance. Cette réassurance provoque alors un déséquilibre, une dissonance, chez l’enfant, car elle va désormais être la meilleure garantie d’une vigilance accrue de sa part. Imaginez une seconde ce que l’enfant peut vivre lorsqu’il vérifie effectivement que malgré sa trahison et quoiqu’il en ait rapporté, son parent, qui l’a écouté, réitère cette confiance, calmement, sans heurt ni conflit !
C’est à partir de ce moment que s’éveille en lui la capacité à analyser plus justement son environnement et à exercer son esprit critique sur les circonstances susceptibles de l’amener à trahir à nouveau la confiance parentale. Non pas qu’il se sente coupable, mais il serait alors dans l’impossibilité de se trouver dans une sereine relation à son parent. N’oublions pas que ce dernier demeure la personne la plus importante de sa vie et la meilleure garantie d’un bon équilibre psychique ! L’effet dissonant qui résulterait pour lui-même d’une improbable récidive ne lui permettra pas d’aller au bout d’un acte qui se situerait alors en dehors du champ de cette trop précieuse confiance.
Et avec les ados ?
On ne peut bien sûr s’empêcher de penser à l’adolescent ! N’est-ce pas au fond le meilleur moyen de circonscrire, dans une certaine mesure, ses possibles mises en danger ? Le parent détient là un levier qui va s’avérer des plus précieux. Effectivement, il s’agit de la meilleure façon d’éviter à l’enfant de dissimuler, de mentir ou de prendre des risques inutiles. Dans ces conditions, lorsque l’enfant grandit et s’affranchit peu à peu de la présence physique de ses parents, celui-ci sera certainement moins inquiet de ce qui peut lui arriver. Et l’adolescent certainement beaucoup mieux construit.