Ne pas confondre autorité et pouvoir
Les mots sont parfois trompeurs. Ainsi n’oublions pas que l’autoritarisme, qui ne parle que de soumission, relève du pouvoir et non de l’autorité, qui elle, ne suppose que confiance et respect.
L’autorité, un bien universellement réparti
Si le simple fait d’exister nous confère à tous, la même autorité, on conviendra aisément que les parents, notamment, ne la mettent pas tous en scène, avec le même bonheur… Une fois encore, disposer d’un outil, aussi précieux soit-il, ne présume pas forcément que l’on s’en serve. Et pourtant, ce bien naturel et également réparti chez tous, qu’est l’autorité, a bien des vertus. Mais si le summum de l’exercice que peut être celui de l’autorité, s’incarne dans une attitude qui confine au charisme, nul n’est besoin pour le parent d’aller jusque-là pour jouir de ses bienfaits…
L’autorité peut effectivement s’assimiler à une simple présence, celle qui fait du parent, une véritable source de vie et de bonheur pour l’enfant qui grandit et se construit à ses côtés, ou dans sa lumière. C’est par elle, qu’il va procéder à sa découverte du monde en toute sécurité. Absente, il n’aura de cesse de bousculer son parent, parfois très violemment, comme pour vérifier qu’elle est bien là.
L’autorité qu’incarne le parent aux yeux de son enfant, est une chose absolument indispensable à son équilibre et à sa sécurité. C’est pour lui, un besoin essentiel dont le défaut le met en danger. C’est pour le parent, le moyen le plus respectueux, de s’assurer du bien-être de son enfant. L’absence d’autorité est à la fois le symptôme et la source de l’inconfort familial, cognitif et comportemental chez tout être vivant. Elle est le ciment de notre construction.
Comme tout don, comme toute compétence, leur réalité ne garantit pas que l’on s’en serve. En effet, on se pose généralement la question de savoir, en autre, pourquoi l’enfant ne profite pas mieux des potentiels qui sont les siens, mais ne devrait-on pas plutôt s’interroger sur ce qui l’empêche de mieux les exploiter ? Enfant précoce ou surdoué, artiste ou virtuose, et si tous au fond l’étaient ?… A condition, bien sûr, que rien ne les en empêche… Plutôt que tenter de repérer chez chacun telle ou telle qualité, ne pourrait-on partir du simple fait que tout enfant en dispose, dès le départ, et ne puisse la développer, qu’à la condition de ne point être entravé pour cela ?
L’environnement familial, apparaît donc comme la première page sur laquelle vont s’inscrire les premières portées de la partition de son existence. La musique émotionnelle dont l’enfant est entouré, conditionne en grande partie l’envolée de ses potentialités ou leur refoulement. A ce titre, le parent est aux premières loges d’un spectacle dans lequel, l’enfant, néanmoins auteur de sa propre musique, va mettre en scène, sous la direction de son parent, ses tous premiers jets.
Se nourrissant ainsi de la confiance de celui-ci, comme de son regard bienveillant, l’enfant, inspiré, va orchestrer sous l’autorité de son parent, les premiers mouvements d’une véritable mélodie. En revanche, pris dans l’étau des peurs de ce dernier, happé dans le flot de son insécurité, il risque d’ébaucher les premières notes d’une marche qui risque de s’avérer sinistre, et dommageable pour bon nombre de ses aptitudes.
Ce sont les peurs du parent qui déterminent le seuil de son autorité, au delà duquel il perd sa confiance en lui et bascule dans l’exercice du pouvoir. Il va alors tenter de soumettre à sa propre carte du monde, l’enfant qui ne comprend pas et qui regimbe.