Une petite fille de 9 ans qui a bouleversé ma vie
C’est Sandra, une petite fille de 9 ans qui sans le savoir, un jour a bouleversé ma vie. J’étais alors instituteur de cours élémentaire, mon premier poste ! Des idées plein la tête, des tas de certitudes et une volonté sincère d’apporter à mes élèves, le meilleur de moi-même. Mais la vie fait que l’on n’accomplit pas toujours ce que l’on veut, alors, cette année là, j’ai fait ce que j’ai pu !
Sandra était une élève déroutante. Son visage tout rond affichait une moue qui semblait exprimer un sentiment constant de dédain et de souffrance mélangés. A vrai dire, elle n’était pas très agréable à regarder. Scolairement, elle était ce que j’appelais alors, une catastrophe ! La dernière en tout. Rien ne semblait vouloir rentrer. Une élève désespérante, en somme.
Notre relation s’est vite mal engagée, au point qu’il ne se passait pas une journée sans que je ne lui fasse remarquer ce qu’elle faisait mal… autrement dit, tout ce qu’elle faisait ! J’oscillais entre exaspération et indifférence et nourrissais à son encontre une colère, à l’image de ma frustration de ne pas parvenir à la faire décoller, la rendant inconsciemment responsable de mon échec. Bref, elle était mon bouc émissaire ! Impuissant, je l’abandonnai donc un jour, à son triste sort.
Jusqu’au jour où sa mère vint me voir un beau matin… pour me remercier… Oui, me remercier du travail que je réalisais avec sa fille !… Elle me fit part des progrès de Sandra, m’expliquant le plaisir que celle-ci éprouvait à faire ses devoirs et de l’intérêt qu’elle portait depuis quelques temps à ses apprentissages… Je l’écoutai, très étonné, quoique intrigué. Serait-il possible qu’il se soit passé quelque chose que je n’aie pas remarqué ? Malgré la dissonance dans laquelle je me trouvai tout à coup plongé, j’acceptai cependant le compliment et les remerciements. Cela ne pouvait pas me faire de mal au fond…
De retour en classe, je me surpris à observer Sandra… différemment. Passant derrière elle, je remarquai alors, quelques bonnes choses et la gratifiai d’un : » Bien Sandra ! C’est très bien écrit ! « . A deux ou trois reprises je réussis non seulement à lui arracher un sourire mais à constater également quelques bonnes réponses !…
Le surlendemain, Sandra levait son doigt pour venir au tableau… Au fil des jours je la vis prendre de l’assurance, progressant à une rapidité vertigineuse. Fier de moi, j’allai même jusqu’à interpeller sa mère, un soir, pour lui confirmer les progrès de sa fille et l’assurer de mon contentement… Sandra finit l’année scolaire parmi les premiers élèves de la classe !
Mais l’histoire ne s’arrête pas là…
La révélation
C’est le dernier jour de classe que sa mère vint à nouveau me saluer et je vécus probablement, la plus douloureuse, mais aussi l’une des plus belles expériences de ma vie !
J’étais en train de lui faire part de ma grande satisfaction face aux progrès spectaculaires de Sandra, lorsqu’elle me prit gentiment par le bras, me poussant à l’écart :
« Vous savez Jean-Marc, je crois que vous n’avez pas compris… si je suis venue vous voir, la première fois, c’est parce que ma fille souffrait avec vous. J’étais impuissante, je ne supportais plus sa tristesse… je ne parvenais plus à l’aider et c’était de plus en plus dur tous les soirs… c’était devenu insupportable pour nous deux… alors, j’ai tenté de faire changer votre regard sur elle, je vous ai flatté et je m’en excuse, en vous remerciant de quelque chose… qui n’existait pas… Cela vous a semble-t-il rassuré, je ne sais pas… en tout cas, ça a marché !… Depuis ce jour, vous n’avez plus jamais regardé ma petite Sandra de la même façon. Aujourd’hui je suis heureuse, pour elle comme pour moi. Mais j’aimerais être aussi heureuse pour vous…« .
Puis elle me souhaita, tout en m’embrassant, un beau parcours professionnel !
J’avais 20 ans, et ce jour-là, il me sembla tout à coup comprendre quelque chose…
Pour aller plus loin, je vous invite à lire Le pouvoir d’un regard.
Et pour connaître la suite et fin de cette histoire, c’est par ici !